Energie : des idées claires

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ÉNERGIE

1 — QUELQUES IDÉES CLAIRES SUR L’ÉNERGIE (ou utiliser le langage formel qui n’est pas toujours le langage habituel)

Qu’est-ce que l’énergie ? Autant le savoir tout de suite, définir l’énergie et l’appréhender n’est pas facile. Une approche qualitative du concept d’énergie est donnée sous la forme suivante : l’énergie possédée par un système est une grandeur qui caractérise son aptitude à produire des actions. Par exemple un morceau de bois est inerte mais dès qu’on l’enflamme il est capable de chauffer de l’eau ou de cuire des aliments. On dit que le bois “contient” de l’énergie puisqu’il a chauffé l’eau et cuit l’aliment. En vérité c’est parce que l’on constate des modifications que l’on dit que le système (qui les a provoquées) auquel on s’intéresse est énergétique.

Les causes de l’énergie. Il en existe trois, la chaleur, la force et le rayonnement. Un exemple utilisant la chaleur est donné ci-dessus, la lumière solaire (rayonnement) affecte la couleur de la peau ou intervient dans la photosynthèse des plantes, l’air et l’eau en mouvement (qui sont des forces) actionnent les pales des moulins à vent et à eau.

Le paradoxe de Jevons (énoncé vers 1865). Le paradoxe de Jevons, baptisé du nom de l’économiste britannique William Stanley Jevons, énonce qu‘à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. L’idée est simple, l’économie d’énergie dans un domaine permet de dégager, d’orienter et d’accroître la consommation d’énergie d’un autre secteur. Par exemple les économies financières sur le chauffage domestique permettent de dégager des liquidités pour, par exemple, voyager ou acheter un appareil consommateur d’énergie ; ce paradoxe s’explique en particulier par le fait que la lecture de l’énergie ne se fait pas en termes essentiels (le joule) mais en monnaie. D’ailleurs cela est mis en évidence par le postulat suivant.

Postulat de Khazzoom-Brookes (vers 1980). Argumentées par une théorie sur la croissance, les économistes Khazzoom et Brookes proposent des idées, sur la consommation d’énergie et le comportement, qui soutiennent qu’une meilleure efficacité énergétique tend paradoxalement à augmenter la consommation d’énergie.

Énergie au sens large. L’énergie touche communément les choses matérielles, certains auteurs (Bill Bonner par ex.) voient dans la production intellectuelle humaine une énergie. Si cette vision est difficilement mesurable ou même subjective, on a tous remarqué que les productions intellectuelles ne sont pas ressenties de manière identique. Peut-être faut-il déjà considérer la production intellectuelle comme une quatrième cause de l’énergie.

2 — LES ENJEUX ÉNERGÉTIQUE

L’apport de l’énergie dans le bien être de l’homme. L’énergie apporte une simplification de la vie quotidienne avec par exemple le chauffage, les transports, le travail, à tel point qu’il est difficilement envisageable de rompre avec ce bien-être ou même avec ce que l’on peut qualifier d’humanisme (qui accepterait de construire la Sagrada Familia à la seule force de son corps ?). Mais étonnamment, cette vision est réductrice de la situation actuelle. En effet plus globalement, l’énergie a entraîné insidieusement l’homme dans un processus économique dans lequel la dimension financière s’est engouffrée : le marché de l’énergie est une réalité qui s’impose à nous ; vivre en indépendance d’énergie nécessite des convictions, des modes de vie divergents. Au final l’énergie génère un dualisme bien-être / économie parfaitement ancré et devenu une composante notoirement politique. On a vu, par exemple, comment les partisans du nucléaire ont reproché aux opposants de vouloir le retour de la bougie.

Point de vue quantitatif. Une grande source d’énergie est donnée par les produits fossiles (l’énergie est conservée sous forme de liaison chimique) c’est à dire le pétrole, le gaz et le charbon qui sont puisés dans le sous-sol. Ces ressources massivement exploitées depuis le début du XXème siècle s’acheminent en toute logique vers un épuisement. La modélisation de cet épuisement donne le pic de Hubbert (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_de_Hubbert) ; pour le pétrole ce pic est contemporain de notre époque. Après raffinage et conditionnement cette énergie est consommée par combustion ce qui produit un résidu, le gaz carbonique (CO2) qui s’accumule dans l’atmosphère parce que la production de ce gaz est plus importante que sa consommation. Convoquons ici le Français Jean Jouzel (climatologue de réputation mondiale, directeur au CEA) qui fait le point après la réunion de Stockholm de 2013 :

La certitude scientifique : “Aujourd’hui nous avons la certitude que la température moyenne de la planète est strictement corrélée avec le taux de gaz carbonique présent dans l’atmosphère… “

La pause du réchauffement moyen depuis 1997 : “[Cette hausse] s’est très fortement ralentie. Or, les autres paramètres d’évolution du climat ont poursuivi sur leur lancée : réduction globale des surfaces glacées et enneigées […] ; augmentation du niveau de la mer, de la température superficielle des océans, et de la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère – laquelle vient à son tour fortement amplifier l’effet de serre. Il y a donc des excédents d’énergie thermique qui continuent de s’accumuler, même si les thermomètres ne les discernent pas tout de suite. […] Il ne semble nullement étonnant que la tendance au réchauffement s’inscrive dans une courbe en dents de scie, dès lors qu’on la mesure année après année : l’évolution globale ne s’en trouve pas invalidée pour autant. […] La masse écrasante des données recueillies […] ne laisse plus guère place au doute : il ne subsiste aucune possibilité que le réchauffement climatique constaté soit la conséquence d’un phénomène ”naturel” excluant l’action de l’homme.”

Toujours quantitativement la production d’énergie par rayonnement nucléaire interpelle par sa dangerosité avérée (Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima, … à ce que l’on sait) qui entraîne la création de “no man’s land” sur les territoires touchés par des accidents ou encore par des sites de stockage de déchets dont on connaît la longue durée de dangerosité et dont on ne maîtrise pas forcement la fiabilité de la durée de stockage.

Enfin, et pour se tourner vers les Landes, le massif forestier constitue un élément quantitatif extraordinairement séduisant en matière d’énergie en invoquant la biomasse, c’est à dire le fait de brûler le bois afin de produire de l’électricité, ce procédé génère du gaz carbonique ; ce dernier est un élément de la photosynthèse utilisée par les arbres pour croître ; La boucle est bouclée. Ceci est le côté séduisant d’une biomasse landaise. La mise en pratiques est moins, beaucoup moins, séduisante : les fumées plus ou moins filtrées se déposent alentour, la combustion dégage outre le gaz carbonique, des molécules toxiques et enfin l’approvisionnement en combustible nécessite l’utilisation de norias de camions entre les lieux de cueillettes et le lieu de brûlage. Au final le bilan énergétique d’une telle entreprise n’est pas forcément à la hauteur des espoirs qu’elle peut susciter. Les Landes possèdent aussi l’atout des sources d’eaux chaudes dont l’économie s’évalue par la rentabilité (ratio entre ce que l’on dépense pour puiser et ce que l’on récupère) tant énergétique que financière.

Point de vue politique. Rappelons-le, notre pays est essentiellement dépendant d’approvisionnements extérieurs en énergies fossiles par l’utilisation de gazoducs et de bateaux. Nous n’extrayons plus d’uranium de notre sous-sol (les sites anciens du Limousin portent les stigmates de l’exploitation minière (http://www.sources-rivieres.org). On peut avoir plusieurs lectures de cette situation. Il n’est pas de notre ressort de les proposer. Toutefois des évidences peuvent être exprimées : i) notre pays n’est pas autonome énergétiquement ; ii) nous n’échappons pas au “besoin” de croissance énergétique que nous impose l’économie ; iii) les besoins énergétiques des pays qui accèdent à notre modèle de développement vont croître.

On le comprend bien, la situation de l’énergie n’a vraiment pas les paramètres d’une stabilité à long terme et il est très probable que la rareté et le coût de l’énergie seront des sujets politiques exaltants (ou qui risquent de susciter l’exaltation …). Pour faire bonne mesure, rappelons que d’un point de vue économique, la croissance c’est ce qu’on obtient quand on utilise plus d’énergie, ou quand on utilise mieux l’énergie que l’on a. La croissance — en tant que plus de PIB, plus d’emplois, plus de revenus, plus de gens —, c’est aussi ce dont tous les gouvernements du monde développé ont désespérément besoin.

Point de vue écologique. Utiliser l’énergie est un acte simple, une réflexion sommaire peut lui donner un écho politique, quand on met la main au portefeuille pour assumer son achat, l’importance interpelle ; enfin les média sont là pour nous éclairer sur les enjeux du réchauffement climatique ou les dégâts liés à l’exploitation des ressources. Ces mêmes média arrosent copieusement à l’aide de satellites des populations qui découvrent le modèle de vie que la consommation d’énergie nous procure.

Au-delà des faits cette situation globale donne une double impression, d’abord de manière évidente apparaît un désordre dans la nature, ensuite on ressent une bizarrerie dans la construction de l’humain ; alors que ce dernier n’est pas inné c’est à dire qu’il est construit, on a l’impression qu’une tierce partie intervient pour en empêcher sa construction et qu’en quelque sorte l’homme échappe à son destin en observant le spectacle de sa ruine ; Comme si le bien-être donné par l’énergie nous éloignait de l’autre en vue de la construction de l’humain.

Concrètement convoquons de nouveau Jouzel au même titre que précédemment : [à propos de la hausse des températures]“Si nous voulons limiter les dégâts avec une hausse moyenne de +2°C en 2100 – à laquelle on devrait pouvoir s’adapter, tout en s’épargnant d’énormes bouleversements économiques et sociaux – alors il faut d’urgence instaurer une économie très sobre en carbone, c’est-à-dire en énergies fossiles. Le plus tôt sera le mieux, car le temps ne joue pas en notre faveur. Il est indispensable de donner un vrai prix au carbone.”

3 — QUELLES POSITIONS TENIR ?

La substitution des espaces consommateurs de gaz carbonique par des applications telles que centrales photovoltaïques sur des espaces anthropisés, c’est à dire conquis par l’homme, tel que des parkings de supermarché, des immenses toitures, etc. peuvent permettre de tendre vers une indépendance énergétique de certains territoires. Saignées routières, autoroutières, voies de chemin de fer, défrichements, extension des villes sont des aménagements que la Fédération SEPANSO-Landes a dénoncé de longue date. Nous attirons chaque fois que nous le pouvons l’attention des pouvoirs politiques ou administratifs sur les dégradations liées à la consommation inconsidérée d’énergie et d’espaces qui produisent naturellement de l’énergie naturelle : bois, aliments…

La Fédération SEPANSO-Landes ne s’y trompe pas, l’énergie est un grand facilitateur politique largement utilisé par nos gouvernants (cf. sup. : point de vue politique) ; Mais tout aussi inquiétante est la dépendance des personnes envers l’énergie (chauffage central en panne faute d’alimentation électrique du circulateur, problème similaire pour les congélateurs…) parce qu’elle crée un nouveau paradigme social. La perspective autant cruciale que redoutable qui se pose est de s’interroger sur la réponse que l’on pourra apporter (ou supporter) socialement si la dépendance vient à se rompre